Pourquoi se mobiliser ?

 » Vous n’avez rien de mieux à faire que d’agir contre les corridas ? N’y a-t-il pas de causes plus importantes ?  » nous lance-t-on souvent.
La meilleure des causes, c’est la lutte contre la souffrance universelle. Sous toutes ses formes, animales et humaines, faibles ou forte.

Souffrances animales

Dans une corrida, la  souffrance animale est permanente. Les blessures infligées aux taureaux sont intentionnelles. La douleur est recherchée pour augmenter les réactions défensives ( les charges ) de l’animal et son agressivité. Sans douleur, il n’y aurait pas de “combat” donc pas de spectacle.  Il s’agit de sévices inutiles, de cruautés gratuites perpétrées contre des animaux sensibles.  

Lire notre dossier sur les souffrances des taureaux et chevaux de corrida.

Invalidité des taureaux de corrida

La corrida duel loyal entre homme et animal ? Allons donc : un duel n’oppose que  2 combattants. Or dans l’arène un taureau doit affronter 6 hommes à la fois : 2 picadors, 3 peones et le matador. Six hommes longuement entraînés alors que le taureau n’a jamais bénéficié du moindre entraînement aux combats de l’arène. Ajoutez les nombreuses fraudes commises pour affaiblir l’animal : cornes sciées, drogues, suralimentation, coups de barrière, pique enfoncée tout contre la colonne vertébrale, etc.

Et puis il y a ce dont les adversaires des corridas parlent peu : l’invalidité croissante des taureaux de corrida. Beaucoup d’entre eux montrent une étrange faiblesse au point que certains tiennent à peine sur leurs pattes, s’effondrent et ont du mal à se remettre debout. Le dimanche 7 avril 1996, à Arles, les taureaux, incapables de soutenir un combat, se sont tous effondrés. L’examen vétérinaire des 6 cadavres après la corrida a révélé que les 6 taureaux étaient tous tuberculeux. Ils étaient pourtant issus d’un élevage réputé : celui de Maria Luisa  Dominguez y Perez de Vargas (famille Guardiola). On a même vu des taureaux perdre des sabots pendant une corrida ! Ce pourrait être dû, nous a dit une vétérinaire, à une alimentation malsaine et trop riche (granulés industriels) ou à un séjour trop long dans la boue d’un marécage, qui provoquerait la pourriture des sabots. Quoi qu’il en soit, un bovin qui perd un ou plusieurs sabots souffre quand il pose sur le sol la patte ainsi mutilée.

En Espagne on appelle « reconocimiento» l’examen vétérinaire pratiqué sur les taureaux avant une corrida. Le 08 août 2010, au Puerto de Santa Maria (Espagne) les 6 taureaux qui devaient combattre ce jour-là ont tous été déclarés inaptes au combat lors du reconocimiento. Les organisateurs de spectacles taurins achètent en général plus que les 6 taureaux nécessaires à une corrida afin de pouvoir remplacer les animaux qui tomberaient malades, se blesseraient ou seraient recalés au reconocimiento. Le 08 août 2010 au Puerto de Santa Maria les 3 taureaux suppléants ont été eux aussi déclarés inaptes au combat. Pire: le 14 août 2010 à Malaga (une des grandes villes d’Andalousie)  14 taureaux (les 6 titulaires et 8 suppléants) ont été tous recalés à l’examen vétérinaire. Il a fallu annuler la corrida faute de taureaux.

Entraînement à tuer

Les matadors doivent réglementairement tuer à l’arme blanche. L’épée doit s’enfoncer dans l’épaule droite , passer sous l’omoplate et glisser entre deux côtes pour transpercer la cage thoracique. Il faut aussi que la lame se meuve dans un plan vertical et selon un angle de 45° par rapport à l’horizontale. Le coup est d’autant plus difficile à réussir que l’homme et la bête, lors de l’impact, sont tous deux en mouvement, se jetant l’un sur l’autre.

Pour enfoncer l’épée jusqu’à la garde, le matador doit s’exposer aux cornes. C’est pour lui le moment le plus dangereux. C’est la  » minute de vérité  » où le public retient son souffle. Si l’épée heurte un os, si elle ne s’enfonce pas assez, si elle pénètre de travers, ressortant entre les côtes, si le coup est donné trop bas ou trop haut, le matador est soupçonné de trembler, de manquer de courage.

Même après une  » bonne  » prestation, le matador qui « tue mal  »  et doit s’y reprendre à plusieurs fois perd la faveur du public et risque de se faire huer. Un long entraînement est donc indispensable aux matadors pour acquérir la sûreté de gestes, les réflexes nécessaires. Autrefois, ils s’entraînaient dans des abattoirs. Aujourd’hui, la réglementation des abattoirs n’offre plus cette opportunité aux toreros qui sont réduits à s’entraîner chez les éleveurs auxquels ils achètent des bêtes pour les massacrer clandestinement. Après une estocade mal dirigée, on arrache l’épée et on recommence. Une fois. Deux fois. Trois fois et même davantage. Ces essais multiples sont usuels, même en corrida publique. On imagine les interminables charcutages qui doivent se commettre lors d’entraînements privés sur d’innombrables animaux qui subissent mille morts.

Derrière chaque corrida publique, il faut imaginer un grand nombre de massacres privés où sont perpétrées des atrocités qu’on n’oserait pas offrir aux yeux du public.

Droits de l'Homme et des animaux

Certains estiment que l’espèce humaine, espèce supérieure, a raison de tout se permettre envers les espèces inférieures.
C’est oublier que la force ne crée pas le droit. A supposer que l’homme soit vraiment supérieur aux bêtes, cette supériorité ne lui donne aucun droit. Elle nous crée seulement un devoir de pitié, de respect et de protection envers les faibles.

La corrida, foyer de sadisme

Ceux qui font souffrir des animaux dans des laboratoires ou dans des élevages industriels peuvent invoquer pour leur défense qu’ils n’agissent pas pour leur plaisir mais poussés par certaines nécessités.
En corrida, au contraire, c’est pour divertir le public qu’on torture à mort des êtres sensibles.
En outre, la corrida est la seule activité humaine où torture et mort violente sont vantées, exaltées, élevées au rang des beaux arts. C’est pourquoi la corrida est un foyer, un vecteur, une école du sadisme.

Corrida et argent public

Même à Nîmes, les corridas, loin d’être une affaire juteuse, sont généralement déficitaires comme l’a montré, entre autres, en 1998, une expertise financière commandée par la mairie nîmoise (Midi Libre du 11.10.1998). Les arènes de Nîmes ont pourtant une réputation internationale et une capacité d’accueil (14.000 places) qui permettent de rentabiliser des spectacles coûteux. On imagine l’ampleur du déficit dans les arènes de moindre catégorie.

En général, ce sont des mairies qui organisent les corridas en France, sur fonds publics et ce sont donc les contribuables, majoritairement anticorrida, qui paient le déficit. Est-ce tolérable ? Il arrive que les spectacles soient organisés à ses frais par un club taurin (à Céret par exemple) ou par un entrepreneur privé (exemple de Robert Margé à Béziers). Même dans ces cas, les spectacles sont largement financés sur fonds publics : 

A/ À Béziers où les arènes sont propriété privée et où les corridas sont l’œuvre d’une entreprise privée, la municipalité, et donc l’argent public, finance la publicité tauromachique.

B/ D’après la revue aficionada  » Tendito  » , il n’existe pas plus de 5 000 aficionados dans toute la France. Ajoutons-y quelques milliers de personnes qui vont aux arènes par curiosité, snobisme ou habitude. Dix mille amateurs, vrais ou faux, c’est bien peu pour toute la France. Aussi, pour réunir plusieurs milliers de spectateurs à une corrida il faut les faire venir de tout l’hexagone. Or, ces amateurs, moins passionnés qu’on ne le dit, n’acceptent pas de faire des centaines de kilomètres uniquement pour assister à des corridas. Pour les déplacer, il faut, hors des arènes, toute une feria, c’est-à-dire une grande fête de plusieurs jours offrant de nombreuses attractions (concerts de rue, village équestre, expositions, etc.) gratuites pour les visiteurs parce que payées par le contribuable. Sans ferias, les matadors les plus célèbres se produiraient devant des gradins presque vides. Si des corridas peuvent avoir lieu, c’est donc grâce aux ferias financées par les contribuables presque tous indifférents ou hostiles aux corridas. 

C/ Que dire des écoles de tauromachie (Nîmes, Arles, Béziers, etc.) où on apprend à des enfants dès le plus jeune âge à torturer et à tuer ? Ces écoles inqualifiables, condamnées par l’opinion publique, ne vivent pourtant que de fonds publics versés par des mairies, par des Conseils Généraux, parfois par le Conseil Régional.  

D/ La Chambre Régionale des Comptes a publié en 1997 un rapport sur les malversations commises par la mairie de Nîmes dans la gestion des spectacles taurins. Ces pratiques scandaleuses ne sont pas limitées à Nîmes comme le montre le rapport d’étape sur la filière taurine publié la même année par le Conseil économique et social régional. Éleveurs de taureaux, toreros, torobusinessmen et certains élus des villes taurines s’entendent pour noyer dans d’épaisses ténèbres les opérations financières auxquelles ferias et corridas donnent lieu. Le conseil économique et social régional, n’ayant pu obtenir de chiffres ni sur le prix des taureaux vendus aux mairies , ni sur les rémunérations versées par les mairies aux toreros, est contraint de conclure :  » La transparence n’est pas, dans ces milieux, une vertu cardinale.  » Et ce n’est pas nous mais la revue tauromachique  » Toros  » qui, dans son numéro 1569 ( 2 janvier 1998), écrit :  » Tous les clubs taurins et revues taurines réclament régulièrement depuis des années la publication au moins annuelle des comptes des arènes. Ils n’obtiennent jamais aucune réponse claire… Il est absolument anormal, quand la gestion d’une arène est faite sur le mode public municipal, qu’il n’en soit jamais rendu compte aux habitants de la commune comme dans les autres matières. Que craint-on si on n’a rien à cacher ? « .

Lire notre dossier Corridas et subventions. 

Déshonneur de tout le Midi

La tauromachie n’est pas un facteur de prestige mais de discrédit pour les villes taurines et pour l’Occitanie tout entière.

→ Lire notre dossier Les corridas nuisent à l’image de Béziers 

Surpâturage, fléau des zones humides

Le littoral méditerranéen français abonde en terrains marécageux. Les moustiques rendent ces lieux inhospitaliers et le sel marin les rend infertiles mais l’humidité permanente y favorise la croissance de certains herbages résistants au sel. Impropres à l’agriculture, ces solitudes sauvages sont en revanche propices à l’élevage des taureaux de combat. C’est là que vivent en semi-liberté, surveillés par des cavaliers armés de tridents, les troupeaux destinés aux corridas.

Faut-il s’attendrir devant cette carte postale ? Non : ces marécages sont riches en espèces animales et végétales rares, souvent protégées par la loi. Ainsi, près de Béziers, dans l’ancien delta de l’Aude, l’étang de Vendres abrite 45 espèces d’oiseaux sauvages qui figurent sur le livre rouge des espèces menacées en France. Autour de l’étang ont été recensées des dizaines d’espèces végétales rares dont 8 sont protégées par l’arrêté interministériel du 20 janvier 1982. Or, sur les rives de l’étang de Vendres paissent des centaines de bovins destinés aux jeux camarguais et aux corridas. Ces lourds herbivores, en broutant et piétinant, ont fait disparaître toute végétation sur de vastes surfaces. Combien de stations d’espèces végétales protégées ont été ainsi détruites ? Sur ces terres dévastées, les oiseaux et autres petits animaux ont disparu à leur tour faute de nourriture et d’abri. Les chasseur eux-mêmes devant la raréfaction du gibier ont fini par s’émouvoir. Le Conservatoire du Littoral déplore officiellement le  » surpâturage  » mais n’a pris aucune mesure pour y mettre fin. Pour les pouvoirs publics, la corrida est au-dessus des lois et contrarier un éleveur de taureaux serait politiquement incorrect.

On prétend parfois que l’élevage des bovins dans les zones humides protège ces espaces naturels contre le bétonnage touristique et les promoteurs. Il n’en est rien . Alain Tamisier, chercheur du CNRS, a prouvé qu’en Camargue, les pâturages de taureaux ont beaucoup reculé devant d’autres activités plus rentables : marais salants, riziculture et surtout urbanisation touristique. Non seulement les troupeaux de taureaux ne protègent pas les zones humides contre les convoitises des hommes d’affaires mais ces troupeaux sont eux- mêmes un fléau pour ces espaces naturels.