la course portugaise

Un cavalier à cheval et un taureau

Phase equestre

Quand le taureau, sortant du toril, apparaît en piste, il aperçoit un cavalier richement vêtu à la mode du 18ème siècle.

Il monte un cheval rapide, agile et longuement dressé. Il tient à la main une « farpa », harpon plus long et plus lourd que la banderille espagnole. Le cavalier galope vers le taureau, esquive les cornes, plante son arme sur l’échine du bovin et s’enfuit, poursuivi par sa victime. Le cheval étant plus rapide, le poursuivant ne tarde pas à arrêter la poursuite.

Le toreador se fait donner une nouvelle « farpa », provoque de nouveau son adversaire, l’esquive, plante son arme et s’enfuit. La course portugaise est une monotone répétition des mêmes gestes. L’animal supplicié est bientôt hérissé de harpons qui se balancent à chacun de ses mouvements, remuant chaque fer dans chaque plaie.

Quand l’animal est à bout de forces, épuisé par les courses-poursuites, par ses blessures et par le sang perdu, le cavalier se retire et cède la place à d’autres acteurs.

Les forcados

Entre alors en piste un groupe de « forcados », piétons en costume folklorique. Ils agissent en équipe sous la conduite d’un chef appelé « caporal ».

Leur rôle est d’immobiliser le taureau à mains nues selon des règles précises dont la plus connue est « la pega de cara » : le caporal provoque le taureau en se présentant devant lui face à face. Quand l’animal s’élance, l’homme se jette entre les cornes et s’accroche à elles ou au cou de la bête. Aussitôt, les autres forcados empoignent le taureau et joignent leurs forces pour l’immobiliser. Exploit moins glorieux qu’on le prétend, la victime étant blessée et exténuée.

six hommes deguisés sur un taureau

Critique

Une publicité mensongère prétend que la corrida portugaise ou « tourada » est un spectacle « civilisé » parce que sans mise à mort. La civilisation est-elle compatible avec la torture des harpons ? Évidemment pas ! Soigne-t-on les blessures de l’animal pour le réutiliser ? Non plus. Le souvenir traumatisant des touradas précédentes risquerait de modifier le comportement du taureau lors des courses ultérieures. L’expérience le rendrait moins naïf, donc plus dangereux. Il pourrait même refuser le combat, à la grande colère des spectateurs qui en veulent pour leur argent.

Le spectacle exige des taureaux inexpérimentés. C’est pourquoi, après chaque course portugaise, les animaux blessés sont ramenés au toril et systématiquement mis à mort.

La portugaise n’est donc en rien préférable à la corrida de toros. Elle est même plus cruelle dans la mesure où les « farpas» sont plus longues, plus lourdes et donc plus douloureuses que les banderilles espagnoles.

Pour finir, signalons que, pour les « touradas », les cornes des taureaux sont sciées à mi-longueur et recouvertes de gaines de cuir. Elles ne peuvent donc rien perforer. Cette lâche opération est généralement faite dans le toril juste avant le spectacle. L’animal est donc désarmé. Dans une portugaise, le seul danger couru par les hommes est de se faire bousculer alors que les taureaux sont longuement torturés puis systématiquement achevés.

Parce que les mots « corrida portugaise», « course portugaise » ou même « tourada » évoquent le sang, la cruauté, la lâcheté et la mort, les organisateurs de ces spectacles préfèrent parfois les annoncer sous la dénomination de « forcados », terme moins choquant pour le public mal informé.

Tauromachies